Les Débats du MIR : Jean-Paul Langlois, Les entreprises face aux nouveaux risques

Le 06 janvier 2015, Jean-Paul Langlois, président de l’Institut pour la Maîtrise l’Institut pour la Maîtrise des Risques (IMdR) a donné une conférence à l’Université Paris Descartes sur les thème : Les entreprises face aux nouveaux risques.

Diplômé de l’Ecole Centrale de Paris, Jean-Paul Langlois a effectué toute sa carrière au Commissariat à l’Energie atomique et aux Energies Alternatives (CEA). Il y a été successivement ingénieur à la Direction de la planification des programmes du CEA, chef du Bureau d’évaluation technico-économique des procédés (retraitement et déchets) au sein de la Direction d’études sur le retraitement, les déchets et la chimie appliquée, conseiller technique au Cabinet de l’administrateur général du CEA, conseiller technique au Cabinet du Ministre de la recherche Hubert Curien, adjoint au Président de l’Office de robotique et de productique, chef du département du Budget au sein de la Direction financière du CEA, adjoint au directeur des réacteurs nucléaires en charge de la gestion, chef du département d’exploitation de neuf installations nucléaires de base, directeur Qualité Sûreté Sécurité au sein de la Direction de l’Energie Nucléaire. Fort de cette expérience, aujourd’hui retraité, il préside l’IMDR depuis 2009.

Jean-Paul Langlois a d’abord présenté l’Institut de maîtrises des risques (IMdR). L’IMdR est un réseau associatif non subventionné de grandes entreprises, universités, sociétés de conseils, laboratoires de recherche… Il a pour vocation d’aider les entreprises et les organismes publics à adopter, face aux risques, une démarche préventive pour correctement identifier, évaluer, quantifier, hiérarchiser, maîtriser et gérer les événements redoutés. Cette vocation s’articule autour de notions-clés : la maîtrise des risques, la sûreté de fonctionnement, le management des risques et les cindyniques (sciences du danger).
L’IMdR traite de différents types de risques à l’exception des risques financiers et terroristes, ce type de risques se traitant toutes portes fermées dans les entreprises précise Jean-Paul Langlois. Les travaux de l’IMdR prennent des formes différentes : groupes de travail, de recherche et d’échanges entre professionnels, projets mutualisés pour le développement des méthodes, manifestations (séminaires, formations..), publications et supports de communications…

Jean-Paul Langlois s’est ensuite attaché à une problématique connue des professionnels du risque : la question du vocabulaire et les ambiguïtés qu’il peut générer. On emploie parfois des mots similaires pour des sémantiques différentes selon les métiers, les secteurs d’activité et les sensibilités. Afin, donc de parler le même langage, Jean-Paul Langlois est revenu sur quelques définitions essentielles, celle du danger et du risque, tout en précisant qu’elles ne sont ni « figées » ni universelles comme le montre les transformations de la définition du risque dans le cadre de la nouvelle norme ISO 31000. Il propose ensuite une typologie des risques pour montrer l’extension de cette notion et les difficultés d’effectuer parfois des classifications.

Une fois ces différents éléments posés, Jean-Paul Langlois a développé les objectifs fondamentaux de la maitrise des risques en milieu industriel :
• La Sécurité du personnel, du public et de l’environnement
• La Sûreté du fonctionnement, fiabilité
• La Préservation des actifs matériels et immatériels (image de marque)
• La Réalisation des projets
• Les Objectifs stratégiques pour le maintien et le développement de l’entreprise (agressions internes et externes à l’entreprise)

Au fil des années, la problématique de la maîtrise des risques a évolué au point de voir apparaître les notions de facteur humain et facteur organisationnel. Ceci a conduit à un choc des cultures entre les méthodes classiques, essentiellement quantitatives, et les approches qualitatives (comme la prise en considération du facteur humain). Ces transformations témoignent d’une sophistication croissante dans la prise en compte des risques auxquels font face les entreprises. Il en a résulté une évolution dans la conception des systèmes à analyser, de systèmes compliqués que l’on peut décomposer en problèmes indépendants vers des systèmes complexes, très difficiles à modéliser en raison d’un trop grand nombre d’interactions. Pour mieux comprendre les enjeux et le contexte de la maîtrise des risques, Jean-Paul Langlois nous a exposé deux métaphores :
– La Dinde inductive de Bertrand Russel qui permet de comprendre que l’accumulation d’évènements ne permet pas de conclure à une vérité générale.
– Le Cygne noir de Nicholas Taleb qui permet d’exposer le fait qu’un certain événement imprévisible qui a une faible probabilité de se dérouler a des conséquences d’une portée considérable et exceptionnelle s’il se réalise.

Enfin, Jean-Paul Langlois s’est concentré sur l’organisation de la maitrise des risques dans les entreprises, plus particulièrement sur l’identification des risques (cartographie, localisation du Directeur de la maîtrise des risques, la publicité et l’équilibre MR, IG, Audits). Cette organisation de la maitrise des risques concerne, en outre, les problèmes juridiques des risques identifiés et non traités, les propriétés des risques et la culture de l’entreprise.

Pour conclure la conférence, Jean-Paul Langlois a détaillé quelques nouveaux risques qui surviennent avec l’évolution des méthodes de travail : les cahiers des charges fonctionnels trop complexes, les évènements naturels extrêmes, les risques médiatiques, la standardisation et dépendance aux grands logiciels informatiques et aux nouvelles technologies.

Cette conférence a permis de souligner l’importance d’une vision partagée, réajustée en permanence, car confrontée à la réalité. Il a été mis en exergue les enjeux du décentrage pour trouver le bon angle de compréhension du système, la délégation de décision dont découle un besoin de confiance.

Par Guillaume Fénart et Virginie Zayoun,

Etudiants du MIR