Cet ouvrage pluridisciplinaire, publié sous la direction de Soraya Boudia et Emmanuel Henry, croise les regards d'historiens, de sociologues, de politistes et d'anthropologues pour explorer un des phénomènes marquants des sociétés contemporaines : la mondialisation risques technologiques, sanitaires et environnementaux.
Ces risques, qu'ils soient de long terme comme le changement climatique ou les atteintes à la biodiversité, plus ponctuels comme les crises sanitaires liées au SRAS ou à la grippe H1N1 ou constituant de véritables catastrophes comme Tchernobyl ou Fukushima, sont d'importants opérateurs de la production du transnational. Tout en s'enracinant localement, ces risques se posent de plus en plus à une échelle qui dépasse les frontières nationales, du fait du caractère global des problèmes comme les conséquences du réchauffement climatique ou de la montée en puissance de firmes internationales qui opèrent une gestion des risques à l'échelle internationale comme l'a révélé la catastrophe de Bhopal ou comme le montre plus silencieusement la production et l'utilisation de l'amiante dans de nombreux pays. Ils ont conduit depuis le XIXe siècle et, de façon croissante, à partir de 1945 et plus encore de 1970 à la mise en place d'instances transnationales chargées d'encadrer ces activités à risque. Cet essor d'une expertise scientifique transnationale et d'instruments de régulation est allé de pair avec des mobilisations multiformes, donnant lieu à la création de nouvelles organisations comme les ONG, elles aussi de plus en plus transnationales. Ainsi les cadres « transnationaux » sont devenus déterminants dans la circulation de connaissances, dans la conduite d'actions concertées face à des crises sanitaires ou des catastrophes, dans l'activité de production de normes communes de gestion, dans l'élaboration de politiques sanitaires et environnementales ainsi que dans les mobilisations publiques.
Cet ouvrage propose une histoire politique et transnationale de la mondialisation des risques sanitaires et environnementaux, en explorant un ensemble de situations et de dynamiques scientifiques, institutionnelles, sociales et politiques. Attentif aux tensions et aux asymétries de pouvoir ainsi qu'à la temporalité et à la spatialisation des processus, il montre que cette mondialisation résulte d'un fort investissement politique et soulève des questions fondamentales liées aux modes de gouvernement des sociétés contemporaines.
Soraya Boudia et Emmanuel Henry (Eds), La mondialisation des risques. Une histoire politique et transnationale des risques sanitaires et environnementaux, Presses Universitaires de Rennes, 2015.
Contributions de : Christian Bonah, Soraya Boudia, Renaud Crespin, David Demortain, Nils Kessel, Claude Gilbert, Nathalie Jas, Jean-Noël Jouzel, Emmanuel Henry, Boris Ollivier, Anne Rasmussen, Sandrine Revet.