Ce mémoire a pour origine un constat pouvant être opéré pour plusieurs problèmes de santé environnementale : malgré le développement de la recherche sur la pollution de l'air, le développement d'agences sanitaires et l'importante croissance de l'expertise scientifique dans l'établissement des politiques publiques, les problèmes et effets liés à la pollution atmosphérique sont loin d'être résolus. Et pourtant, les effets sanitaires de la pollution atmosphérique ont été mis en évidence par les épidémiologistes français réunis au sein du programme ERPURS (Evaluation des risques de la pollution urbaine pour la santé) dès les années 1990. Le problème de la pollution atmosphérique à Paris illustre bien le fait que l'avancement du savoir scientifique n'est pas toujours associé à la mise en place de politiques publiques adéquates en matière de lutte contre la pollution atmosphérique.
Bien que les substances toxiques et les contaminations environnementales soient des problèmes scientifiques, il ne faut pas oublier qu'elles relèvent avant tout de questions politiques qui impliquent une prise de décision d'un point de vue économique et sociale (Boudia et Jas, 2014). A la croisée de la sociologie des sciences (science and technology studies), en particulier celle de la nouvelle sociologie politique des sciences (Frickel et Moore, 2006) avec la sociologie des risques collectifs et de l'expertise (Gilbert 2003, Borraz, Gilbert et Joly, 2005), ce mémoire étudie les dynamiques scientifiques et politiques qui structurent la définition et le traitement du problème des effets sanitaires de la pollution atmosphérique à Paris. Il analyse en particulier les relations entre l'expertise épidémiologique et l'action publique à Paris.