Les facteurs de déséquilibres exercent des tensions sur les systèmes en équilibre précaire, menaçant de les précipiter en crise (Lagadec; Dufes et Ratinaud 2014). Les acteurs de la gestion des crises se préparent à leur évitement au travers de la planification, de l'apprentissage, d'exercices et de retour d'expériences (Wybo; Lagadec; Dufes; Donet-Mary).
Le rôle de l'appareil régalien en matière de gestion des risques et des crises est prépondérant (Borraz et Gilbert 2008). Plus encore, l'État tire sa légitimité et son pouvoir de sa capacité à assurer la sécurité de ses citoyens (Borraz et Gilbert 2008). La place grandissante de la population, bien que jugée nécessaire (Lagadec 1991; Dufes 2016; Donet-Mary; Wybo), peut déstructurer les strates de pouvoir.
Le problème de recherche du mémoire porte sur la conception des formes de participation de la population à la gestion des risques et des crises dans une perspective de réduction des vulnérabilités. La question cruciale prend attache avec un thème dans lequel la participation de la population est essentielle: les évacuations massives.
Cet objectif d'étude est servi par une méthode qualitative, déployant les outils d'entretiens, d'analyse de corpus, de journal de terrain et d'observations. On postule que les ressources mobilisées par les professionnels ne permettent pas d'appréhender les enjeux, freins et leviers de la participation de la population aux exercices d‘évacuation de masse.
En définitive, le concept mobilisé principalement par les acteurs est celui de la « persuasion ». Il vise la modification des comportements de participation par la sensibilisation et l'information. A contrario, il semble que les ressources témoins, alimentées par l'état de l'art de l'engagement, donnent la primauté aux théories de l'engagement et de la communication engageante sur la persuasion. Les outils, principes et méthodes employées par les professionnels sont englobés dans cette vision conceptuelle et culturelle décalée.
De l'ensemble de ces résultats, on conclut à la résistance de l'hypothèse.
Les conclusions argumentent qu'il est nécessaire de reposer profondément la question de la place de la population dans la gestion des crises. Par ailleurs, la culture professionnelle reconstituée à l'aide de la méthode semble éloignée des enjeux de la participation de la population. La présence de ressources mobilisables par les acteurs de différents niveaux permettrait de réduire l'écart prononcé entre la sécurité civile et d'autres thématiques, à l'image des politiques de la ville.