La radicalisation est un processus selon lequel un individu ou un groupe d'individus adopte une forme violente d'action directement liée à une idéologie extrémiste. Dans le cadre de ce mémoire, nous faisons référence à la radicalisation islamiste dans le monde musulman. L'islam radical n'est pas un phénomène nouveau. Il résulte départ de la conséquence du cumul de l'humiliation arabe et musulmane. Il est lié au désespoir des nouvelles générations qui ont vécu l'échec du nationalisme arabe depuis la guerre des six jours jusqu'au XXIème siècle. La radicalisation dans ce contexte a entraîné une conjonction de l'idéologie extrémiste et de l'action violente sous fond de révolte afin de rétablir les valeurs empiriques de l'islam.
Avec la mondialisation, l'islam radical a inauguré une nouvelle ère dans la radicalisation. Par rapport aux groupes terroristes précédents, on assiste à une intensification du phénomène. Les terroristes se sacrifient plus aisément et en nombre plus élevé. D'autre part, on assiste à une forte expansion géographique du mouvement, une augmentation du nombre de combattants djihadistes autochtones ou étrangers venus d'ailleurs. Ce phénomène s'étale également dans la durée grâce à sa très grande flexibilité et sa capacité d'adaptation.
C'est l'idéologie qu'incarne l'Etat islamique en Irak et au Levant (Daech) qui à la différence d'autres groupes terroristes, possède un espace virtuel (internet et les réseaux sociaux) pour sa propagande, ses recrutements et un territoire avec la restauration du califat. Le monde moderne est rempli de mécréants qui pervertissent les valeurs normales incarnées par l'islam radical. Son défi est donc convertir tout le monde à l'islam radical et d'anéantir par tous les moyens, les assujettis aux pouvoir des mécréants. Tel est donc l'appel lancé à tous ceux qui se sentent humiliés, marginalisés et méprisés par la société.
Cet appel a fait écho auprès d'une grande partie des jeunes qui trouvent alors un moyen de se valoriser. Le passage à l'acte va néanmoins être précédé par un processus de transformation qui est le processus de la radicalisation. C'est ainsi que ce mouvement va se développer au-delà des frontières de l'Etat Islamique par la commission d'actes terroristes de grande envergure depuis quelques années.
Les individus recrutés par l'état islamique représentent pratiquement toutes les classes sociales. En France, ce mouvement concernait particulièrement les jeunes de banlieues issus majoritairement des communautés musulmanes.
C'est donc en amont le processus de radicalisation, et en aval le terrorisme qui préoccupent les occidentaux en particulier la France et ses collectivités territoriales devenus la cible privilégiée de l'Etat islamique.
La réponse de l'état se situe à deux niveaux : le niveau prévention par le biais du renseignement avec pour principal objectif le signalement et la judiciarisation d'éventuels coupables mais également au niveau répression par la neutralisation des terroristes et de leurs filières.
Ne pouvant seul contenir tous les aspects de la lutte contre la radicalisation, le gouvernement a adopté en mai dernier un plan général d'actions contenant un ensemble de mesures de partenariat avec les collectivités afin de les associer de manière pertinente à la prévention de la radicalisation du fait de leur relative proximité avec la population.
Ce plan a intégré dans le cadre de la politique de la ville un nouveau volet de la prévention qui englobe la délinquance et la radicalisation et s'appellera désormais « Prévention de la délinquance et de la radicalisation ». Ce partenariat a permis à certaines de ces collectivités confrontées à ce phénomène de radicalisation largement répandu sur le territoire national, de prendre des initiatives comme la mise en place des structures composées d'acteurs très diversifiés pour tenter de circonscrire la question et y apporter des réponses adéquates.
Le rôle des collectivités demeure primordial il car permet d'accompagner les familles et les enfants qui souhaitent dans un cadre plus rassurant et moins répressif. Les acteurs sont des professionnels qui ont bénéficié d'une formation spécifique sur la problématique de la radicalisation et comprend : assistants sociaux, enseignants, animateurs, personnels de santé, psychologues et psychiatres, éducateurs, élus, religieux, agents municipaux. Grâce à ces structures, des signalements effectués dans ce contexte, s'ils sont non judiciarisables peuvent faire simplement l'objet d'un accompagnement par une thérapie personnelle ou familiale.
Parmi ces collectivités, on a retenu les exemples de de Paris, de la ville de Sarcelles en région parisienne ; de la ville de Bordeaux en région Aquitaine dans le département de la Gironde qui a mis en place un programme de dé radicalisation, puis à l'international, des pays comme le Canada qui a adopté un mode de prévention basé sur la résilience.
Le caractère flexible, évolutif, adaptatif et durable et durable du phénomène de la radicalisation recommande la plus grande vigilance sur l'ensemble des facteurs qui accompagnent cette radicalisation : les personnes concernées, leurs motivations, les nouveaux processus et nouvelles méthodes de radicalisation, les nouveaux réseaux, les nouveaux lieux, les nouveaux modes opératoires. Au regard de tous ces facteurs, il convient donc de se poser des questions sur les nouvelles formes d'activisme dans une perspective très élargie et d'analyser les motivations profondes. Par ailleurs, nous devons nous interroger également sur les effets à long terme sur la stigmatisation, l'humiliation,
le rejet ou l'exclusion dont font l'objet ces extrémistes.
Le principe de précaution qui semble adaptée pour répondre à ces interrogations est le mode de prévention basé sur la résilience. C'est donc concept qu'il conviendrait d'adopter, d'intégrer et de consolider au sein des collectivités pour lutter durablement contre le phénomène de la radicalisation
islamiste.