La création en France, en 2003, d'un observatoire national de la délinquance (OND) a été l'occasion pour le système statistique public d'élargir sa présence dans le domaine des statistiques de la délinquance qui était précédemment limitée aux seules statistiques judiciaires. En diffusant, dès la fin 2004, les chiffres sur les faits enregistrés par la police ou la gendarmerie selon une méthodologie nouvelle, et en lançant avec l'INSEE en 2007, un dispositif annuel d'enquêtes nationales de victimation, l'Observatoire est devenu l'un des « émetteurs » de la statistique officielle sur la délinquance. On se propose d'interpréter les actions, interactions et les réactions que ce processus a suscitées dans un cadre formel qu'on appelle « concurrence entre acteurs du débat public ». Deux études de cas sont présentées, l'une sur la concurrence au sein de la statistique officielle entre l'OND et la communication institutionnelle du ministère de l'Intérieur, l'autre sur la concurrence avec les chercheurs ayant été les premiers à introduire les enquêtes de victimation en France dans les années 1980.